Une fois le contact de la voiture coupé, je me penchais légèrement avant tout en levant les yeux pour regarder le bâtiment en briques qui me faisaient face au travers du pare-brise. Après une poignée de seconde, je finis par sortir de la voiture et m'adosser contre celle-ci. J'appréhendai. Repoussant encore un peu l'échéance, je sortis une cigarette que j'allumai. Espérant que ça aide à dissiper ce malaise qui m'avait envahi dès le moment où j'avais passé le panneau d'entrer de la ville, et qui n'avait fait qu'amplifier depuis. Je me sentais coupable.

Cette nuit dans le gymnase n'a cessé de tourner en boucle dans mon esprit. J'avais été présente, je m'étais battue. Certes, pas très brillamment, mais au moins, j'avais été là. Je n'avais pas abandonnée et j'en avais été la première surprise. L'espace d'un instant, je m'étais même dit que je n'étais peu- être pas si faible et fragile que ça. Mais ça n'avait pas durée. A peine guérie, j'étais partie. Je les avais abandonné. Tous. Au pire moment. Erica était morte. Isaac, Malia, Derek étaient gravement blessés. Tous semblaient avoir voler en éclat. Et dans ce chaos, au lieu de rester pour les épauler, pour se soutenir, comme le fait une meute ou une famille dans une telle situation, j'étais partie. Certes, j'avais des raisons, mais avec du recul a bien y réfléchir, je commençai sérieusement à me demander si ce n'étaient pas simplement de belles excuses. J'aurai dû rester, mais j'avais paniqué.

Je venais à peine de me remettre pleinement de mes blessures et j'avais décidé de sortir pour tenter de penser à autre chose. Tenter d'arrêter de m'inquiéter pour mes amis. Tenter d'arrêter de ressasser les événements en se demandant ce qu'on aurait dû faire autrement. Tenter d'oublier que mon équilibre précaire fraîchement retrouvé venait à nouveau de s'effondrer. Je voulais simplement un instant de répits. Mais, à peine avais-je fini mon premier verre que cet homme était arrivé. Avec son foutu costard cravate et ses yeux qui me dévisageaient. Il m'avait abordé pour me dire qu'il savait qui j'étais et j'avais blêmis. Je m'étais figée sur place.

Il venait de LA et aux infos locales, il avait vu mon portrait robot. Celui de Jane Doe, jeune fille retrouvée presque mort dans une ruelle et ayant mystérieusement disparue de l'hôpital avec toutes traces de son passage. A croire que le sort s'acharnait. Je ne voulais pas retourner à LA, je ne voulais pas qu'on me reconnaisse. Je ne voulais que l'on mette son nez dans cette histoire, ça n'attirerait que des problèmes. Et si l'homme venait à en parler, nous verrions probablement plus de flics rappliquer, suivie de près par la presse. Ou peut-être pas. Peut-être était-ce moi qui délirait. Mais j'avais eue peur de tout ça et Beacon Hill et ses habitants avaient déjà bien assez de problèmes pour en rajouter. Tout comme le reste de ma meute. Alors j'étais partie. Sans un au-revoir. Sans réelle explication. J'avais simplement prétextés des affaires urgentes à régler et je les avais abandonnés.

Je tirais une énième latte sur ma cigarette, pendant que je repensais à cette soirée. Levant à nouveau les yeux vers le bâtiment, je bloquais sur les grandes fenêtres à l'étage sans vraiment y prêter attention. Dans un coin, de mon esprit je notais que maintenant que j'étais de retour, il faudrait que je retourne voir ce cravateux, s'il était toujours là pour m'assurer qu'il garde pour lui ce qu'il sait. Mais pour l'instant, j'avais d'autres choses à régler, bien plus importantes. J'écrasai ma cigarette et me décidai enfin à monter.

Je pénétrai dans le bâtiment et montai les escaliers. Ma conscience rongée par la culpabilité, le remord et la honte de mon départ occupait tout mon esprit. Tentant de penser à autre chose, je me fis remarquer que si l'alarme était enclenché alors il savait déjà que j'étais là, ou du moins que quelqu'un était là. Plus de demi-tour possible, il était tant que j'arrête de fuir et que j'affronte mes problèmes. Je marquai un arrêt devant la porte, la main sur la poignée. Au travers de celle-ci, je pouvais sentir qu'il était là quelque part dans le loft. Doucement, je fis coulisser la porte. Face à moi le loft apparu et je restai sur le pas de la porte, la tête légèrement baissée, le rouge aux joues, la honte et la culpabilité peintent sur mes traits. Comme un enfant pris sur le fait. Je n'avais même pas vu si Derek était dans la pièce. Relevant timidement les yeux, je lâchai sans même savoir s'il était là ou s'il avait remarqué ma présence. « Je suis désolée. »