Dans le bon élément

Lukas G. Rendès

Lukas se promenait dans la ville quand il lui prit l'envie d'aller faire un tour côté nature, voir ce que le paysage avait à lui offrir en terme de vue, de bien être et aussi de beauté. Il était lassé des rue et des magasins dans chaque coin. Il aimait pouvoir se reposer loin de tout ça... Il avait toujours apprécié les paysages tels que les lacs entouré de montagne ou bien les champs à perte de vue, pourtant, il avait grandit en plein coeur de San Franscisco et n'avait jamais été décidé à vivre côté rural. Son côté loup le faisait se sentir heureux parmi la verdure, la forêt et loin du bruit des voitures.

C'était différent, en tout point de vu. Lukas restait le même dans le fond..

Il n'avait pas de voiture, c'est donc à pied qu'il se décida de se rendre dans ce coin paradisiaque dont l'office du tourisme de BeaconVille lui avait parlé. Il semblerait qu'il s'agisse d'un lac, à perte de vu, entouré simplement de la forêt. Il sourit à l'idée de s'y rendre. Cette perspective le combla.

Après un bon quart d'heure de marche, le jeune loup arriva à l'endroit indiqué. Il s'arrêta, regarda à droite et à gauche et souffla un bon coup une fois qu'il eu vérifier ce qui aurait pu l'ennuyer. La solitude s'avérait idéal lorsque l'on devait réfléchir..

Prit d'un élan de joie, il bondit et poussa un cri de loup avant de se mettre à courir comme s'il était lui même poursuivi. Dérapant par endroit, sautant des troncs d'arbre, il parcourait les sentiers sans se soucier de ce qui l'entourait. Si sa condition l'avait permis, il se serait transformé entièrement et aurait savouré la terre fraîche sous ses pattes, l'odeur musqué de la forêt et le chant de cette sirène...

Il s'arrêta net et parla à voix haute, comme pour lui même :

- Une sirène ? Pff, n'importe quoi..

Pourtant il entendait un chant, étrange, envoûtant, lui intimant l'ordre de se rendre à son chevet et de l'écouter, encore et encore... Il s'abandonna alors à cette mélodie et flaira l'air, à la recherche d'indice lui permettant de déjouer un quelconque piège.

C'est alors qu'il arriva près d'un ponton où une jeune femme trempait ses pieds dans l'eau tout en chantant.

Il se transforma alors, en humain, et l'écouta attentivement sans oser dire le moindre mot.

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Lukas G. Rendès

Le silence ce fit lorsque la jeune femme comprit qu'il était là, à l'écouter. Toujours les pieds plongé dans l'eau froide du lac, elle tourna sa tête de côté, ses cheveux fins retombant comme un voile sur les traits fin et presque enfantin de son visage. Elle ne semblait pas apprécié être ainsi caché, puisqu'elle les repoussa d'un mouvement rapide de la tête. Il regarda avec soin ce moment qui lui rappelait à n'en pas douter une publicité pour une célèbre marque de coloration/shampoing. Il grimaça de sa pensée étrange.

Lukas ne bougea pas. Il resta positionné sur ses deux pieds, à distance respectable pour ne pas lui apporter de l'inconfort. Sa présence troublante pouvait l'être bien assez déjà !

Il se dit qu'il serait bien de cesser de se regarder en silence et commencer à discuter, se présenter tout du moins, mais il en fut incapable. Il se contenta de l'observer sans en perdre une miette. Sa faiblesse avait toujours été les femmes, et cela ne changerait pas, à moins qu'il n'y ai un grand et impossible trouble dans sa vie.

Correction ! Ses faiblesses étaient les femmes et le sexe.
Point.

Il fut prit de l'envie de s'excuser de l'avoir écouté ainsi, discrètement, de son repaire dans les bois. Mais il n'avait pas pu s'en empêcher, aussi forte que pouvait être sa volonté.

Le jeune homme fut pris d'un frisson lorsqu'elle le fixa et lui sourit, sans bouger, sans parler. Puis, elle détourna le regard sur l'eau, et fit un geste pour lui dire de l'a rejoindre, avant de prononcer ces quelques mots :

-Salut.

Sa voix était légère et quelque peu enfantine d'où perçait une joie qui semblait sans raison d'être. Il aborda un sourire confiant, ne bougeant pas.

Elle reprit :

-Moi, c'est Abby.

-Echanté Abby, je me nomme Lukas et je vous prie de bien vouloir m'excuser de mon impudence à vous écouter sans me dévoiler.

La jeune fille continuait à regarder le large, en souriant béatement.

- Vous allez avoir froid... Ce n'est pas prudent de rester dans l'eau par cette saison. reprit-il pour amorcer la conversation.

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Lukas G. Rendès

La jeune femme ricana lorsqu’il fut formel avec elle. Et lui qui pensait que cela lui aurait plus ! Il détourna légèrement la tête en direction de l’eau lorsqu’elle tourna le visage vers lui :

-Lukas... vous êtes très formel.

Puis elle le regarda de haut en bas sans se cacher. Il l’a fixa sans ciller et resta de marbre devant sa remarque.

-Surtout que vous êtes plus vieux. On ne me vouvoie jamais. Dites « tu » même si on ne se connaît pas. Sinon, autant m'appeler Abbygail.

Il rigola un peu à son tour et s’approcha de quelques pas.

-Dans ce cas tu peux m’appeler simplement Lukas.

Il s’assit non loin d’elle et sembla poser son regard au loin, comme s’il cherchait quelques choses. Il fut déçu de ne rien voir.

-Vous êtes hypnotique comme demoiselle. C’est étrange, je me suis sentie obligé de venir ici lorsque j’ai entendu votre chant. Vous avez un don particulier…

Il laissa sa phrase en suspend et pris soin de ne pas la regarder en face non plus.

-Mais c’était très beau.

-J'espère que ce que vous avez entendu vous a plu au moins. Première fois que je venais ici. Qu'est-ce qui vous amène si loin de la civilisation ? C'est votre repaire ? C'est vrai que c'est très joli.

La jeune femme débitait ses questions avec vitesse et passion. Mais il n’y prêta pas attention trop longtemps, ce n’était pas un homme doué dans les conversations avec les femmes. Il fut néanmoins surpris lorsqu'elle lui dit qu’elle le trouvait très beau.

C’était surprenant par le fait que cela n’avait rien à voir avec ce qui s’était dit précédemment et par le fait qu’elle disait sans aucune gêne ce qu’elle pensait de lui, sur l’instant.

- Vraiment ? Lâcha t-il en haussant les sourcils l'air intrigué.

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Lukas G. Rendès

Le vent soufflait dans ses cheveux, les ramenant par moment sur son visage et sublimant sa beauté presque hypnotique, du genre ténébreux. C’était un homme de l’ombre, un pirate, un bad boy sans attache.

Aucune.

Il avait pour habitude de prendre puis de rejeter, rien ne l’intéressait bien longtemps ni même les femmes. Il s’amusait et s’en détachait presque tout aussi vite qu’il les avait séduites. Elles avaient beau dire qu’elles ne se laissaient pas avoir par ce genre d’homme, au final l’indifférence qu’il leur envoyait en plein visage était la clef de son succès. Elles n’aimaient pas être mise à l’écart, rejeté. Elles voulaient être regardé, et Lukas jouait de son art avec une patience infini et se comportait comme un game master. Il était le maître du jeu, en tout point.

La demoiselle semblait douter énormément de sa personnalité, d’elle-même. Proie facile en tout point. Il sourit et l’écouta lorsqu’elle se sentit obligé de se dévaloriser devant lui :

- Hypnotique.... Hum... ne te sens pas obligé de rester, tu sais.

C’était vrai qu’il n’avait pas voulu se rendre dans cet endroit, ici, avec elle. Pour une fois il recherchait de la distance, de la solitude et son côté loup s’était manifesté à cette envie de nature. Mais un charme étrange l’avait poussé à se rapprocher du lieu où il se trouvait à présent, une voix divine, hypnotique et envoûtante.

Cette voix, c’était celle de la jeune femme. Mais à présent qu’il était en sa compagnie, bien qu’éloigné de son corps, il ne regrettait pas de s’être arrêté.

Elle ajouta qu’elle le trouvait très beau. Il s’en désintéressa, ayant l’habitude d’entendre ce compliment et n’y accordant pas autant d’importance. Du moins, en extérieur. Elle sembla vouloir continuer sa phrase, se justifier…

-Oui, on doit souvent te le dire. Beauté plutôt classique. Ténébreux. Les bad boys attirent toujours la gente féminine. Mais je ne t'apprends rien.

Il lui lança un regard en coin, amusé, sans dire le moindre mot. Seul son sourire posé sur ses lèvres suffisait à lui répondre. Tout ça, il le savait. Alors elle resta là, à l’observer pendant quelques temps. Il maintient sa position, plaçant une de ses mains dans ses poches et fixant le large. Elle se releva alors et il posa son regard sur elle. Abby s’approchait de lui, amoindrissant la distance qui les séparait peu de temps auparavant. Il ne bougea pas, ne parla pas mais l’observa s’approcher. L’agneau rejoignait le loup de son bon vouloir…

Elle s’approcha tellement qu’il pu sentir son souffle sur son visage lorsqu’elle dit :

-Tu ne me regardes pas.

Puis, reculant un peu, elle ajouta:

- Ce n'est pas nécessaire. Tant qu'à cela, utilises tes yeux, pas tes oreilles.

Il ne comprit pas tout mais posa enfin ses yeux sur elle, puis elle s’excusa en baissant les yeux. Alors, tel une enfant, elle entreprit de dessiner à ses pieds ce qu’elle souhaitait lui dire sans avoir le courage de le prononcer à voix haute. Sûrement par peur qu’il fuit ?
Lukas baissa les yeux et comprit. Il balaya d’un coup de pied les herbes et l’observa avant de dire simplement :

- Je me fiche de ce que tu es. Je suis ici par mon bon vouloir et si je ne te regarde pas c’est parce que mes yeux n’étaient pas en mesure  d’être observé.

Il fit la démonstration de ce qu’il était. Un loup garou. Ses yeux devinrent jaune vifs.