" Quand on se noie, on avale de l'eau qu'à la fin. Ça s'appelle l'apnée volontaire, même sous l'emprise de la panique, l'instinct nous force à garder la bouche fermée jusqu'à cette sensation de brûlure. Quand on l'ouvre enfin, la douleur disparaît.La peur s'envole. Tout devient paisible" .
"Regarde Stiles, comment elle est belle ta maman! Regarde là" Le bambin relève son regard étincelant vers cette femme virevoltante. Ces longs cheveux dorées s'ébruitent sur ces épaules carrés. Ces yeux brillent de mille feux face aux éclaircies aveuglantes du soleil qui illumine sa silhouette élancée. Elle sourit et elle éblouit de sa beauté l'enfant effacé. Elle danse au milieu des feuilles mortes, son corps se balançant sous la brise humide du vent chantonnant. Son père lui reste bouche bée, son sourire guilleret ne quittant pas ces lèvres abîmées. Une scène idyllique. Une enfance bénéfique. Des joies gravées. Un bonheur éphémère engendrée. Et cet enfant au milieu des flots initiés d'une douce berceuse entamée. Cette mère, ce père. Tous deux aimants le fruit de leurs échanges entrelacés. Un amour passionnel, brûlant de sentiments dévorant. Un foyer idéal pour lui. Le petit Stiles Genim Stilinski. Une petite tête dès son arrivée. Un ange ou un démon? Telle est la question... Le gamin trop énergique pour dormir, la bourrique qui coure dans toute la maison pour trouver un jeu auquel s'acclimater. Sans aucun doute, une vraie peste. Une maladie irritable qui chagrine le sommeil agité de ses parents consolidés. Mais qui au fils du temps devient un vrai petit homme. Un jeune enfant souriant et heureux. Heureux de cette opportunité. De cette passivité. De cette famille qui le cajolait. Stiles l'insouciant, le rêveur. Un ignorant, un innocent brûlant d'incandescence. Un enfant trop naïf pour comprendre que la vie n'est pas toute rose. Un gamin qui fond devant les yeux ébènes d'une fille de son école. Lydia Martin. Cette rousse timide au sourire éclatant comme sa maman. Il la trouve magnifique, elle et ses rires. Mais elle ne le voit pas. Il est transparent, mais il s'en fout tant qu'il peut la regarder, il sera content. Car rien que la voir le rend heureux. C'est débile mais c'est la vérité. Il n'a que 8 ans mais son visage s'illumine quand il pense à tout ça. Quand il revoit les étincelles dans les yeux de sa mère. Il ne doute pas, il ne regrette rien, il profite juste de cette scène qui se déroule sous ses yeux. Avec 4 mots en tête:
Elle est magnifique maman!
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Le noir s'enveloppe sous ses draps, le doute ,l'insouciance, l'effervescence de mots inanimés le consume dans son sommeil éveillé. Les mauvaises pensées, les douloureuses cicatrises du passé, il s'envenime entre son matelas et sa couette, son corps tremblotant, ses muscles pantelants. Le souffle court, la respiration saccagée à cause du rythme effréné de son coeur affolé... La douleur s'immisce sur sa peau fiévreuse, rongeant cette souffrance unanime. Ces ténèbres candides. Il change de position encore et toujours, impossible de rester immobile face aux lots terribles de terreurs imprévisibles. Le contrôle il l'a perdu depuis trop longtemps. Cette vie ne lui appartient plus, depuis... Depuis qu'il est né. Sa nature étant un fait prématuré dans son incompétence. Il s'agite de plus bel, ses yeux limpides secouaient d'humides larmes. La souffrance irréversible le dévorait, ne lui laissant plus aucun répit et il sombrait dans les limbes d'un enfer véhiculant, brûlant d'instabilité. Le noir complet. Le silence exhaustif. Seul le froid trahissait la nature de cette scène répétitive. Un visage effacé au loin. Des sanglots sanglants. Un cri qui déchirait les tympans de ce pauvre adolescent. Celui d'un père meurtri. Meurtri par une perte prématurée, une dure réalité: que la vie n'est qu'éphèmerité. Ce jeune homme celui qui regarde son père sans un mot dans ces lieux où la mort séjourne entre les murs. Ses membres le déchirent, la peur au ventre, les larmes au creux de ses paupières closes. Il ne comprend pas, il n'anticipe pas. Il cherche des réponses. Ces infirmiers le regardent le sourire aux lèvres, mais leurs yeux mentent, se teintent. Il pose des questions en vrai. Personne n'est apte à lui répondre. Il hurle un lot de vulgarités à la seconde, incompréhensible, impulsif.
DITES MOI! PARLEZ MOI! La solitude l'englobe, le dérobe. Ces gens s'écartent, disparaissent à une vitesse incroyable. Puis plus rien. Juste cette pièce au loin. Une lumière qui s'éteint et se rallume inlassablement. Un corps sur un brancard. Stiles s'approche inconsciemment, doucement avec lenteur. Ses pas le guident, et il arrive devant le drapé , devant la silhouette dessinée entre les plissures du textile. Sa curiosité le pique à vif et il tire sur le tissu sans hésitation. Ce visage. L'adolescent se recule, tombe en arrière, ses genoux tremblants.
"Non, NON! Ça ne peut pas être possible!" Sa voix s"étrangle dans sa gorge serrée, dans son coeur brisé. C'était sa mère sur ce brancard. Celle qui l'avait mise au monde. Qui l'avait aimé au point de se torturer. Et cette scène se répétait inlassablement. A chaque nuit. A chaque soupir. A chaque cauchemar qui le rendait si fébrile. Lui, l'humain trop fragile, trop frêle pour se défendre. Ses cris défilent dans la maison isolée, son corps s'agite, il est spectateur de son effroi et il ne contrôle plus rien traumatisé par ses terreurs nocturnes qui le rendent unanime. Cupide. La culpabilité le ronge, cette voix dans sa tête
Tu l'as tué! Tu es le responsable ! Ce cri le transperce, le lancine, le détruit de l'intérieur. Et des mains l'échappent de ce cauchemar éveillé , le ramène à cette dure vérité.
"Stiles calme toi, je suis là. Chut tout va bien. " Son père le tient dans ces bras, l'apaisant de cette étreinte confuse. La réalité l'échappait de son désarroi. Les larmes coulaient sur ses joues rougies, et aucun mot n'arrivait à l'apaiser. Stiles subissait la mélancolie de ce passé, la douleur incrustée dans sa poitrine. Son souffle se calmant peu à peu néanmoins. L'adolescent abîmé, le jeune homme souriant de sa tristesse vidée. Lui incapable d'agir quand à cette réalité qui le dépasse depuis peu.
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Les mots sont écrits sur ce panneau simplement il n'arrive pas à les lire. Indélébiles. Intelligibles. Tous les indices se consolident sur ces réflexions inflexibles. Lui si rusé pour résoudre des énigmes si facilement, mais là qui là galérait à trouver cette solution invariable, aléatoire. Derrière les bruits agités de son meilleur ami le fragilise dans ses pensées. Une certaine tension entre eux. Scott soupire, se dessine dans l'ombre de cette lumière amaigrie par le manque d'intensité. Sa respiration est saccagée, habitée de douloureux regrets. Regrets que ressent Stiles depuis trop longtemps. Ce dernier se retourne face au brun qui semblait vraiment agité. Le silence trop entier les abîment.
" Explique moi." L'adolescent n'est pas dupe, il comprend que quelque chose ne tourne pas rond, que quelque chose cloche. Alors il s'interroge, s'interpole en voyant son meilleur ami se consumait de peurs inavouées. Scott ne dit rien ,joue avec ce silence consciencieux, certainement trop douteux pour l'avouer.
" Je crois que j'ai deviné tu n'as pas eu ta pâté ce matin. C'est ça? " Son meilleur ami a un infime sourire, presque imperceptible mais qui arrive à le dérider quelque peu. Alors Stiles en profite, pour le guetter, pour l'élancer. "Allez accouche!" Une once d'hésitation reste perceptible, mais enfin ce dernier se dessine dans cette vérité unanime.
" Allison et moi ,c'est fini." L'humain se rapproche de lui, lui donne un coup d'épaule gentillet comme pour le réconforter. Il n'était pas doué pour ce genre de situation lui l'éternel maladroit mais s'il savait bien faire une chose c'était déconné.
"Hey mec, tu as déjà réussi à sortir avec elle, réjouis toi. Ça fait 10 ans que je trime avec Lydia, et je crois que c'est pas fini encore... Mais l'espoir fait vivre. Un jour elle craquera. " Un sourire vient se loger une fois de plus sur ces lèvres , et Stiles dépose sa main sur l'épaule de son pote , son seul but l'apaiser de toutes ces erreurs passées, de ces regrets consolidés.
" Plus sérieusement, t'inquiètes pas, tout va redevenir à la normale. Après tous ce bordel, la mort de sa mère, tu peux comprendre qu'elle a besoin de temps. Mais elle t'aime Scott, ouais ça tous le monde le sait..." L'adolescent tente d'être convaincant, lui même persuadé par ses arguments. Et apparemment ça marche, vu que ce dernier semble plus léger face aux paroles de son ami. Ces épaules se relâchant. Ces yeux se réveillant. Son pouls s'accélérant sur sa carotide serrée. Stiles se sent redevable depuis l'accident outrepassé. Cette nuit agitée dans les bois irisés. Tout était sa faute. Juste à cause de sa curiosité.Il était devenu un loup garou. A cause... à cause de lui. Et ça il ne pouvait se pardonner. Déjà qu'il vivait très mal cette responsabilité, sans parler du lot de problèmes qui en résultaient. Chaque jour se révélant être un danger pour leur bande. Pour Allison, Lydia, Scott et lui. Cette peur qu'il avait de perdre encore un de ses proches. Et cette envie de toujours aider. Jamais exaucer. Il n'avait pas demandé tout ça et pourtant il était déjà empourpré dedans. Alors il tentait de se rattraper, de se racheter mais les cartes étaient déjà joués à l'avance. Chaque pas qu'il faisait était contrecarré par cette réalité qui le dépassait.L'humain futile qui se consume intérieurement d'une infériorité. Le pauvre paumé du lycée. Celui qui fait peur par son hyperactivité, qui préfère rigoler que pleurer. Pas un cas isolé. Ce dernier trop blessé pour se laisser aller. Chaque jour, cet enfer l’abîme, le décime. Mais Scott est là à ses côtés aujourd'hui et c'est tous ce qui compte. Ça et l'enquête à laquelle ils sont conviés. Alors tous deux se relèvent malgré les problèmes. Stiles, lui si doué pour les énigmes reprend du service et il n'est prêt à lâcher prise...